Bien Être Animal et Agility

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Communiqué du GTA

En tant que responsable du GTA, je reçois des mails traitant d’un problème récurrent qui est celui de l’âge du chien en regard des concours d’Agility. Il me semble nécessaire d’apporter des informations quant aux décisions prises par la CNEAC à ce sujet. Car au-delà de cette question d’âge du chien vis-à-vis de l’Agility, il y a la question importante de du Bien Être Animal qui nous concerne tous.

Il est inutile de préciser que tous les points abordés ci-dessous ont été longuement abordés, débattus puis validés par le GTA élargi constitué de compétiteurs, juges, informaticiens, vétérinaire, …et statistiques à l’appui. Je les remercie tout particulièrement.

Quand on parle d’âge pour un chien d’Agility, voici les seuls critères donnés par le règlement FCI :

  • 18 mois minimum pour démarrer les concours
  • 24 mois minimum pour participer au Championnat du Monde.

Pourquoi ne pas donner un âge de la mise à la retraite d’un chien en Agility ?

En Agility, quand on parle de mise à la retraite d’un chien, on entend l’arrêt des concours pour ce chien et uniquement cela.

Nos chiens sont tous différents par leur morphologie, peut-on alors estimer que les sollicitations à long terme sur les articulations d’un bouvier bernois sont les mêmes que sur celles d’un berger des Pyrénées ?

Par ailleurs, nous ne connaissons pas le vécu de chaque chien licencié : méthodes d’apprentissage, fréquence des entraînements, nombre de concours, nature des échauffements, méthode de récupération, blessures antérieures éventuelles, antécédents médicaux,… On notera que la fréquence des entraînements, leur contenu et leur durée sont des facteurs sans doute plus impactant que le nombre de concours effectués par le chien.

Donc à moins de fixer arbitrairement un âge de retraite, par exemple 17 ans, voire plus, ce qui n’apportera pas grand-chose comme réponse mais qui rassurera tout le monde, il nous est très difficile de statuer à ce sujet. Ensuite, donner un âge de mise à la retraite du chien amènerait certains conducteurs à pousser des chiens malades, fatigués ou blessés, à poursuivre, ce qui serait tout aussi opposable.

Nous insistons sur ce point : au sein du club, les personnes compétentes sont là pour conseiller le conducteur tant sur la fréquence des entrainements et leur contenu, que sur l’arrêt des concours (qui peut être bien sûr progressif). Mais à l’heure où se développe le coaching individualisé sur le terrain, voire en ligne, ce conducteur doit être plus que vigilant sur le vieillissement de son chien. C’est à lui en premier lieu que revient cette responsabilité.

Nous rappelons aussi qu’un juge peut arrêter un chien sur un concours parce qu’il montre visiblement de la fatigue mais il est plus que regrettable d’en arriver là.

Certains conducteurs donnent comme argument que leur chien vieillissant ne peut pas se passer de concours et qu’il déprime sans cette activité. Ce à quoi nous répondons que les entrainements peuvent être continués sans certains obstacles (palissade, slalom…), des hauteurs de saut plus basses… Le Hoopers va se développer dans les prochains mois. Un chien aime avant tout faire plaisir à son maître, aussi ce dernier saura donner à son chien un exercice (ou une activité) adapté(e), autre que l’agility, pour répondre aux envies et besoins de son animal.

Pourquoi ne pas autoriser la « descente » du grade 3 au grade 2 au libre choix ?

Cette demande est récurrente et bien souvent, l’argument avancé est le vieillissement du chien.

Tout d’abord, mis à part l’obtention du brevet, le règlement FCI ne donne pas de directives sur le passage de grade 2 au grade 3 et inversement. Ce qui sous-entend que chaque pays a le libre choix sur ce sujet

Nous ne voyons aucun intérêt pour le chien à descendre en grade 2 sous le seul prétexte que les parcours seront plus adaptés pour un chien vieillissant. La palissade (qui n’épargne ni les articulations, ni les cervicales), est la même en 2, un saut reste un saut, un slalom reste un slalom… L’excès de passage sur ces obstacles pose effectivement problème, et non pas, les parcours eux-mêmes qu’ils soient de niveau 2 ou 3. Lors du dernier séminaire des juges, l’accent a été mis sur la pose des parcours et leur fluidité. De plus, en tant que délégué agility FCI, j’ai demandé lors de la dernière réunion, qu’une réflexion sur la pose et le nombre de « out » sur un parcours, soit engagée lors du prochain séminaire de juges FCI, proposition qui a été validée.

Un conducteur peut faire une dernière année en diminuant le nombre de concours (et les entrainements) pour ménager son chien, mais descendre en grade 2 sous le seul prétexte que les parcours seront plus adaptés pour le chien vieillissant, peut être plutôt une envie pour le conducteur de prolonger les années de concours, voire de faire encore une finale (ou plusieurs) et d’imposer à son chien …les parcours de trop ! Nous avons longuement débattu à ce sujet et nous sommes restés sur le fait qu’un chien puisse finir sa carrière sportive en grade 3. Nous rappelons toutefois qu’il reste possible de passer de grade 3 en grade 2 en suivant les conditions données.

Pourquoi laisser passer automatiquement en grade 3 de jeunes chiens ?

Nous devons prendre en compte les objectifs de chacun qui peuvent être diamétralement opposés : entre le licencié expérimenté qui vise les championnats du monde et prépare son chien en conséquence pour accéder aux sélectifs EO AWC, et le licencié qui souhaite rester plus longtemps en grade 2 pour prendre de l’expérience, nous avons au milieu, le licencié qui a pour objectif de progresser en vitesse, en technique et de pouvoir (soit volontairement, soit automatiquement) se retrouver en grade 3 (et encore, avec ou sans objectif de participer au championnat de France grade 3). Là encore, plutôt que d’être sollicités pour des demandes d’exception à une règle, nous laissons le libre choix au conducteur. La règle est connue, à chacun de faire avec même s’il faut pour cela faire des calculs. Nous rappelons aussi aux conducteurs de jeunes chiens qu’ils ont le choix de rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent en grade 1 (et de concourir sur les parcours d’Agility 2* et Jumping 2*).

Nous préférons travailler en amont : c’est ce qui a été fait avec le nouveau programme du MAG 1 où nous avons collaboré avec les formateurs MAG sur les apprentissages en Agility. Respecter son chien, c’est aussi connaitre ce que l’on construit dans ces apprentissages qui sont déterminants pour la santé de son chien. L’objectif n’est pas d’avoir à tout prix un chien prêt pour les concours à 18 mois, l’objectif est d’avoir un chien performant en Agility dans le respect de son bien-être, de ses développements (physique et mental), et dans le souci qu’il reste auprès de nous le plus longtemps possible.

On parle beaucoup ces derniers temps du Bien Être Animal. Le BEA ne concerne pas que les élevages de tel ou tel animal. Il commence par ce que nous faisons nous de notre chien et c’est bien nous en tant que maitre de notre chien, qui en sommes les premiers responsables.

Pour la CNEAC
Maryannic JOURDEN
Responsable du GTA